Une bouteille à la mer

Azildur · 16/06/2012 16:29:37

Baybars,

Mon cher cousin,
Je suis à Paris depuis quelques semaines, hors de tout danger, heureux et bien portant. Voilà bien des années que nous nous sommes quittés alors que ton destin te menait finalement vers les sables d’Arabie, vers ton passé et vers ton frère Khâlil. (http://gloireetpouvoir.com/phorum/read. … s#reply_22)

J’ai appris avec beaucoup de peine que tu n’as pu sauver ce qu’il restait de l’Empire d’Octave, détruit par le puissant Sultan Spikelor. Je sais que tu as cherché et cherché les secrets et vestiges de ce que ton père avait jalousement gardé en Egypte, mais en vain. Tu n’es pas sans savoir que j’ai écumé les forêts autrichiennes à la recherche de la descendance de ce Thorolf le Germain, homme puissant et mystérieux de notre longue lignée (http://gloireetpouvoir.com/mapsflash/in … artie=1394).

Je n’y ai trouvé que la mort et le froid. Notre nom est maudit parmi ces terres et nous ne faisons plus que survivre misérablement. Nulle trace de la prestigieuse force des Azildur, juste des rats qui survivent dans les égouts. On parle de nous comme des démons assoiffés de sang venus des grandes steppes orientales, mais je ne saurai te dire d’où vient cette méprise (http://www.gloireetpouvoir.com/forum/vi … hp?id=2145).

Ah mon cousin, où sont passés la gloire et le courage. Au cours de mes longs et nombreux combats, de mes incessantes recherches, un seul nom ne cesse de me hanter, celui de Kurt d’Holstein, bras droit du Roi Marmont, dont il dit qu’il fut le seul à avoir rendu par écrit la sagesse du grand Boru. Tu trouveras ce récit au dos de cette lettre. Kurt évoquait une bibliothèque cachée dans la vieille ville de Dublin, où résiderait l’âme et la richesse de notre famille. Je m’y suis rendu mais n’y est trouvé qu’un autre nom. Je suis las de cette vie, je suis las de sauter de mystères en énigmes.

Pourquoi continuons-nous à nous battre ? Que cherchons-nous ? Après plus de vingt ans d’errance j’ai aujourd’hui bien plus de questions que de réponses. J’ai dû me rendre à l’évidence et je ne puis désormais plus fermer les yeux sur la route de notre destinée. Je dois me rendre à Venise afin d’y trouver ce que notre ancêtre a fondé puis protégé au péril de sa vie. Je dois trouver le trésor d’Octave et l’emmener en lieu sûr. Notre famille a échoué dans sa quête et nous ne pouvons plus compter sur nous pour protéger notre secret. Cette tâche m’est dévolue. Quel accueil me sera fait à Venise ? Je ne saurai le dire. Mais une chose est sûre, c’est que la lignée de Philippe s’éteindra avec ce jour et la nuit tombera sur nos secrets http://gloireetpouvoir.com/event/show.p … 40682#coms

Nous ne devons point pleurer ces jours car tout au long de nos ambitions, de nos fautes et de nos péchés, de grands hommes ont su exister et défendre notre mémoire. Je passerai par Saumur où est décédé Octave le Doge de Venise. On y raconte que Brian Boru durant sa domination y bâti un gigantesque mausolée. Je t’y laisserai tous les indices que j’ai pu trouver. Baybars, s’il devait m’arriver malheur, tu seras alors le dernier Azildur à respirer en Europe. Et si tu désires retrouver la chaleur d'un foyer et la fierté d'une bannière, monte au Nord jusqu'à ce qu'on te parle allemand. Puis au Nord encore jusqu'à ce que tu vois la mer, et enfin jusque là où les hommes sont grands et forts, habillés de peaux de bêtes. On y raconte que notre famille y a prospérée (http://gloireetpouvoir.com/mapsflash/in … artie=1456) et continue à combattre nos éternels ennemis .

Par la présente lettre, je te laisse les clés de notre lignée, de notre maison. Sache te montrer droit et fier. Notre famille a quitté l’Italie depuis des décennies désormais et je ne crois pas que le nouveau maître de Toscane échappe à la tradition et nous déclarera la guerre aussitôt qu’il apprendra ton existence. Ne cherche pas à te venger en notre nom mais poursuis notre quête de vérité et de sagesse. Rappelle-toi des noms d’Octave, de Philippe, de Thorolf, de Cinaed et de Boru ; rappelle-toi ces hommes et tous se rappelleront de toi comme l’un d’entre eux.

Que ton bras soit juste,
Adieu,
Tommaso Di Azilduri

Dernière modification par Azildur (16/06/2012 16:31:08)

Azildur · 05/07/2012 16:31:18

Douce Emma,

Ici les combats font rage, déjà plus d’une année passée loin de toi. Je ne compte plus les fois où j’ai relu tes lettres pour y trouver ton soutien. C’est dans ton sourire que je trouve la force de continuer et jamais un hiver ne m’a paru aussi froid. Un jour je reviendrai, Inshallah. Je suis en Espagne depuis une semaine et déjà la terre est rouge du sang des batailles. Lorsque j’ai quitté l’Algérie, il y a maintenant un an et demi, je n’avais qu’un seul objectif : trouver ton frère avant qu’il ne quitte la France. Dans la lettre qu’il m’a envoyée, quelques temps avant mon départ, il évoquait une piste qui le menait droit à Venise. Les Azildur ont quitté la Cité des Doges depuis maintenant plus d’un siècle, y sommes-nous toujours les bienvenus ? J’en doute et je redoute. Ah, Emma, j’ai suivi la trace de Tommaso mais je n’ai réussi qu’à attraper l’ombre de son passage. Les hommes et les femmes loyaux à notre famille m’ont averti que la route vers l’Italie était semée d’embûches et que notre ville était aux mains d’un monstrueux seigneur mangeur d’hommes. La barbarie sévit en Italie et Tommaso est désormais hors de portée. Je te demande de quitter à ton tour la Tunisie et le Maghreb. Nous n’y sommes plus chez nous. En vérité, nous n’avons plus d’attaches ni de sanctuaire. Cette Europe n’est plus la nôtre. Mais avant de quitter ces terres, il nous faut accomplir et achever le destin d’Octave.

Je répugne à te demander ça, mais tu dois partir immédiatement pour l’Italie. On raconte que le Sud est en guerre, tu y passeras avec autant plus d’aisance. Pars à la recherche de ton frère. Mes hommes font route vers le Pô. S’il devait m’arriver malheur alors cherche à rallier mon ami Ibn Khaldoum, il te protègera. Je suis désabusé. Les hommes ne sont plus que des animaux dont la parole ne vaut rien. Nous sommes parfois craints, parfois utilisés, mais nous ne sommes plus respectés. Je ne vois que la guerre et la mort. Mais je vois aussi la lumière. Tout n’est pas perdu pour nous. Tu vivras pour voir le renouveau de notre dynastie. Je t’en supplie, garde ta droite, garde ta gauche. Si jamais nous devions faillir, ton frère et moi, alors tu devras partir au Nord et quitter ces terres maudites. Pars au Nord et recherche la trace de Philippe de Gotland, qui n’est autre que le frère d’Octave de Venise. (http://www.gloireetpouvoir.com/mapsflas … artie=1381). Qui sait si notre quête ne s’achèvera pas là-bas. Peut-être nous battons nous contre des fantômes ? J’irai voir Naples et je mourrai en Italie comme nos ailleuls.

Les hommes ici vivent dans les forêts et se battent comme des enragés. Les plaines sont arides et balayées par un Soleil de plomb, comme celui de chez nous. Ils portent des peaux de bêtes ou des armures étincelantes et ne semblent pas connaître la peur. Même lorsqu’ils tombent, ils se relèvent avec plus de hargne et galopent vers une fin certaine. Une sombre magie est à l’œuvre ici et elle n’est autre que celle de ce chacal d’Ibn. Soustrais-toi à son emprise par-dessus tout. Quitte nos terres avant que le malheur ne s’y abatte. Je n’aurai de cesse de combattre ces infidèles et ces traîtres. Je saurai te donner le temps de rejoindre Khaldoum et de t’enfuir à ses côtés. Nous ne nous reverrons jamais Emma, alors emporte cette lettre comme tout l’amour que je te porte cousine.

Baybars Al-Bunduqari, Régent de Kabylie, Lion d’Egypte, Roi de Navarre et ton cousin.

Azildur · 16/07/2012 19:27:08

Et le vent souffla la bougie si bien que la flamme ne vacilla. Et c'est la nuit qui tomba sur l'étendard déchiré qui flottait encore au sommet de la tour de Marseille. On raconte que nombre de serviteurs se donnèrent la mort alors que Baybars en personne disparu, purement et simplement, respectant alors la plus vieille des traditions de sa famille. Plutôt la mort que la souillure...